Histoire des jardins ouvriers de Sélestat

1925-1945

Naissance de la « Société pour le développement des jardins ouvriers de Sélestat »

Début 1925, l'idée de développer le concept de jardins ouvriers se fait jour à Sélestat.
Voir l'article de l'Echo de Sélestat du 12 janvier 1925 et sa traduction

Le 15 janvier 1925, lors d'une réunion publique d'information faisant suite à d'autres réunions préparatoires, M. HECKER, administrateur des jardins ouvriers de Strasbourg, explique la nécessité de disposer de jardins ouvriers. A compter de ce moment, le « Bureau social » se saisit du dossier. H. BARTHEL, Chef jardinier chez Lazare WEILLER est mandaté pour établir une liste de candidats à l’obtention d’un jardin.
Voir l'article de l'Echo de Sélestat du 18 janvier 1925 et sa traduction

Le 1er  février 1925, un comité apolitique « d’hommes de confiance » issus de différentes entreprises sélestadiennes est constitué dans le but de trouver des terrains et des candidats (Voir l'article de l'Echo de Sélestat du 5 février 1925) :

BRENDEL André - Usine FRANCK
FREPPEL Oskar - Entreprise BTP KILLY
HAUBENSACK Charles - Chemins de fer d’Alsace-Lorraine
HUBER Charles - Filature CUNY
KRACHER Charles - Filature LANG
MOUILLE Jean-Baptiste - Tannerie Alsacienne
RITZENTHALER Nicolas - Fonctionnaire (douanier)
RUCH Ignace - Entreprise de construction KRETZ
SCHNEIDER Charles - Entreprise de construction MEUSBURGER
BOEHRLE Henri - Usine MARTEL

Ce comité prend contact avec M. Auguste BRONNER, le maire nouvellement élu qui s’engage à faire son possible pour que l’idée de jardins ouvriers prenne forme à Sélestat.
Voir l'article du journal de Sélestat du 21 septembre 1925 et sa traduction

Le 25 septembre 1925, la « Société pour le développement des jardins ouvriers de Sélestat » est créée lors d’une réunion publique à la « Halle au blé ».

Une quarantaine de personnes se font inscrire comme membres-fondateurs. La cotisation est fixée à 1F par mois (0,82€) et un comité directeur est élu par acclamation :

- Président d’honneur : Dr Auguste BRONNER, Maire de Sélestat et Conseiller Général
Joseph BENE 150x223Joseph BENE Président fondateur- - - Président : Joseph BENE, Instituteur
- Vice-président : H. BARTHEL, Chef jardinier chez Lazare WEILLER
- Secrétaire : Louis KUNTZ, Directeur du bureau de bienfaisance
- Trésorier : Eugène HEMMERLE
- Assesseurs : Charles SCHNEIDER, Albert DANGUEL et Auguste DAMM

Ce Comité sera ensuite élargi. Jean PFISTER, Auguste SCHOEPFF, Alfred NOLL et Edouard BAUMEYER seront alors nommés assesseurs.

Dès le 7 octobre, le Président Joseph BENE adresse un courrier au Maire de Sélestat pour demander des terrains. Voir le courrier adressé au Maire et sa traduction

Lors de sa délibération du 10 octobre 1925, le Conseil Municipal charge le maire et les deux adjoints de louer des terrains "à un prix modique" à  la société des jardins ouvriers de Sélestat.
Voir la lettre de remerciement adressée au Conseil Municipal

En attendant de disposer de jardins, le Président et quelques collaborateurs qualifiés ont tenu tous les mois dans une salle de classe de l'école des garçons (actuelle école du centre), des séances d'instruction et d'information destinées aux amateurs de "petits jardins". Le tout premier cours a eu lieu le vendredi 20 novembre 1925, en présence du Maire de SELESTAT, Auguste BRONNER, des membres du Conseil Municipal et d'un grand nombre de jardiniers.
Voir l'article de "l'écho de Sélestat" du 27 novembre 1925 donnant également l'attribution des jardins par tirage au sort.

A l’été 1926, les premiers jardins ouvriers voient le jour ...

Terrain "Thiriet" : 9 jardins sur 27 ares à l’emplacement de l’actuel lotissement « Redoute » (rue du saumon). Ces jardins disparaitront le 31 décembre 1972.
Terrain "Route de Colmar" : 7 jardins sur 37 ares route de Colmar au lieu dit « Beim oberen Lichtgarten ». Ce terrain sera repris au 31/12/1972 pour la construction de "l’usine à pianos" Michelsonne.
Terrain "Collège" : 17 jardins sur 70 ares boulevard de Nancy. Ces jardins disparaîtront le 31 décembre 1963 pour construire l’extension du lycée Koeberlé (parking piscine couverte et gymnase Koeberlé).
Terrain "Route de Strasbourg" : 7 jardins sur 26 ares route de Strasbourg. Ces jardins, situés à l'intersection de la rue Dringenberg et de la route de Strasbourg seront repris par la Ville le 1/12/1930.

Selestat vers NO E LORSON 1925 1930 tmSite "derrière le collège"Selestat vers SE E LORSON 1925 1930 tmSite "jardin Thiriet"À l'époque les jardins sont à l'extérieur de la ville, comme le montrent les photos ci-contre prises par E. LORSON entre 1925 et 1930.

 

Le 12 septembre 1926, la « Société pour le développement des jardins ouvriers de Sélestat » organise son 1er concours des jardins.  Voir les résultats parus dans "Le journal de Sélestat" du 15 septembre 1926

La voie est tracée, l’œuvre démarre. Elle connaitra bien des réussites, mais également des peines et des soucis.

Un cortège qui donnera naissance au Corso fleuri de Sélestat

Le 11 septembre 1927, à l’occasion de la foire de Sélestat, la Société organise à travers la ville, un Corso 1927 VignetteDéfilé de 1927cortège de chars fleuris et groupes costumés visant à « l’encouragement au petit jardin » (Voir la délibération du Conseil Municipal du 25/08/1927).

Cette manifestation destinée à faire connaitre la jeune « Société pour le développement des jardins ouvriers de Sélestat » est le point de départ en 1929 du « Corso fleuri » de Sélestat. La Société pour le développement des jardins ouvriers de Sélestat » participera chaque année à cette manifestation.

Corso 1927 1a VignetteDéfilé de 1927

Nous avons malheureusement peu de photos de cette période. À l'exception de ces deux photos de 1927, et d'une troisième fournie par Georges ENGEL, nos archives ne conservent « que » des photos de chacun des chars décorés par l’Association après la guerre.

Corso 1927 3 220x155Défilé de 1927

 

 

 

 

 

 

 

De nouveaux terrains ...

Au fil des ans, et du fait d’une demande de jardins importante, la Ville met à disposition différents terrains :

1927 : 33 jardins sont implantés sur 129 ares près du stade sur le terrain du Mühlbaechel (Délibérations du Conseil Municipal du 18/06/1927 et du 20/09/1927).Voir l'article de "l'Écho de Sélestat" du 28 février 1927 donnant l'attribution des jardins par tirage au sort.
L’extension du stade actuel provoquera la disparition de ces jardins le 31 décembre 1946.
1927 : Le terrain "Route de Strasbourg" s'agrandit de près de 18 ares. 9 jardins supplémentaires sont créés. Ces jardins seront repris par la Ville le 1/12/1930. Voir l'article de l'Écho de Sélestat" du 8 mars 1927 donnant l'attribution des jardins par tirage au sort.
1928 : le site actuel de la Ruchertsmatt voit le jour (Voir le courrier adressé par Joseph BENE le 26/01/1928 au Maire de Sélestat et traduction de la demande de révision du montant du droit de fermage). 29 jardins y sont créés. Les jardiniers puisent l’eau dans la nappe phréatique puisque l’eau courante ne sera amenée qu’en 1974.
1929 : 8 jardins sont implantés sur 35 ares route de Ste Marie aux mines, près du canal de Châtenois et du ruisseau "Kothbach", aujourd'hui disparus, au lieu dit " Stuhlfabrik Fortenberg Bei der Lohmüle » (Délibération du Conseil Municipal du 6/04/1929 et plan cadastral du site). Le bail est interrompu en 1969, ces jardins devant laisser place a un centre de santé qui ne sera jamais construit. Le central téléphonique, route de Ste Marie, derrière l'actuel hypermarché Leclerc, occupe aujourd’hui cette zone.
1929 : Quelques jardins sur 10 ares occupent l’ancien jardin Linck-Henrichs, entre le Bld de Nancy et la rue Dringenberg (Délibération du Conseil Municipal du 6/04/1929). Ces jardins existeront jusqu’en 1954.

Ainsi, 4 ans après sa création, la « Société pour le développement des jardins ouvriers de Sélestat » mettait à disposition de ses membres plus de 90 jardins.

Le Vème congrès régional ... un défi au niveau de l'organisation

Le 14 septembre 1930, l'association accueille le Vème congrès régional de la fédération des jardins ouvriers. Les assises de ce congrès se sont tenues à la salle Vauban, réunissant 600 délégués (!!!) venant d'Alsace bien sûr mais également d'autres régions françaises, ainsi que de Suisse, de Belgique et du Luxembourg.

Drapeau2 1930 Vignette Drapeau1 1930 VignetteEn clôture de ces assises, le président fédéral a remis le premier "fanion" de la section de Sélestat au porte drapeau Guillaume MERMET.

Dans le cadre du congrès, étaient organisés :

- Une grande exposition des produits du jardin  sous chapiteau, place de la République,
- Un défilé fleuri avec le char de la Reine des jardins ouvriers, Jeanne KISTER, la musique municipale, l'harmonie de la filature, la musique ouvrière "Union", ainsi que la fanfare du 29ème Bataillon de chasseurs à pieds, en garnison à la caserne "Schweisguth".
- Un concert et un bal

La restauration des délégués, à la salle Ste Barbe a nécessité pas moins de 115 tartes aux quetsches et autant aux oignons (la culture de l'oignon est une tradition maraîchère sélestadienne), 52 kugelhopfs et ... 600 bouteilles de vin d'Alsace.

À l'occasion de ce congrès, les photos ci-après des jardins du Mühlbaechel (près du stade actuel) sont prises, par le photographe E. LORSON.


En 1936, la société comptait 420 membres, bien qu’aucun jardin n’ait été créé depuis 1929.

Une période difficile

Durant l’occupation allemande, la « Société pour le développement des jardins ouvriers de Sélestat » est dissoute par décision de l’occupant, sans doute en mars 1941, comme toutes les associations existantes. Une nouvelle dénomination est d’autorité imposée à ces jardins : « Schrebergärten» (du nom du pédagogue Daniel Gottlob Moritz SCHREBER, initiateur des jardins familiaux en Allemagne).

1946 Aquarelle Alfons HECK 350x250En 1946, l'aquarelliste Alphons HECK, prisonnier de guerre allemand peint le tableau ci-dessus qu'il offrira à une vieille Sélestadienne qui lui apportait chaque jour une soupe. Ce tableau montre la promenade publique de la porte de Strasbourg.Pour résoudre les problèmes de ravitaillement et de subsistance, le Reich ordonne la création de jardins de guerre dans les villes de plus de 10 000 habitants. La Ville met donc à disposition de l’association un terrain près du champ de tir et des « promenades publiques » près de la porte de Strasbourg, de l’école normale, du collège KOEBERLE, du stade et le long du boulevard du Maréchal JOFFRE pour y créer des « jardins de guerre ». Le jardin « Lazare WEILLER », réquisitionné connait la même destinée.

Ces « jardins de guerre » ont permis aux Sélestadiens d'améliorer leur quotidien et seront entretenus par les jardiniers de l’association jusqu’à la fin de l’année 1946.

A cette date, les jardins de guerre cessent d'exister.  Voir la délibération du Conseil Municipal  du 26 mars 1946

En 1946, l'aquarelliste Alphons HECK, prisonnier de guerre allemand peint le tableau ci-dessus qu'il offrira à une vieille Sélestadienne qui lui apportait chaque jour une soupe. Ce tableau montre la promenade publique de la porte de Strasbourg.

Le 16 janvier 1942, Joseph BENE premier Président de la « Société pour le développement des jardins ouvriers de Sélestat » et membre fondateur,  décède à l'age de 69 ans.

La société est à cette époque gérée par René LIGNER (Président), J.B. PFISTER (« Hauptkassierer » c'est-à-dire Caissier principal) et Paul SCHWAB (Secrétaire). Durant cette période troublée, d’autres terrains sont loués par l’association auprès de particuliers (9 jardins à la Lohmüle sur un terrain de l'entreprise MEUSBURGER de 1943 à 1946, 65 ares au Heyden de juillet 1942 à novembre 1954 ...).

Au sortir de la guerre

Reunion Comite 9 06 1945 VignetteTraduction du compte-rendu Dès le 9 juin 1945, des membres du Comité se réunissent comme en atteste la 1ère page du "Registre des procès verbaux" encore dans nos archives.  René LIGNER est exclu de l'association. La « Société pour le développement des jardins ouvriers de Sélestat » n'a plus de président !

Le 3 juillet 1945, au cours d’une « Réunion Générale » à l’hôtel de Ville, les anciens membres de la « Société pour le développement des jardins ouvriers de Sélestat » mettent en place un nouveau Comité. Mais aucun membre ne voudra assumer la charge de Président. Ce poste ne sera pourvu que le 8 novembre de la même année, lors d'une réunion du Comité au restaurant Charles DUTTER. Pierre BALDENWECK, pressenti, déclinant l'offre pour des « raisons personnelles », Georges GRIESMAR se verra confier la direction de la société jusqu’à la prochaine Assemblée Générale. Voir le courrier adressé au Maire

En 1945, les membres s’acquittent d’une cotisation s’élevant à 60F soit un peu plus de 7€ actuels (d’après l’INSEE).

La première Assemblée Générale d'après guerre, le 27 janvier 1946, confirmera Georges GRIESMAR dans ses fonctions de Président. Le 1er Conseil d’Administration d’après guerre devient donc le suivant :

- Président d'honneur : SCHNEIDER Charles
- Président-Trésorier : GRIESMAR  Georges
- Vice-présidents :   MARTIN Lucien,  MATHIS Lucien
- Secrétaire : ROELLY Alphonse
- Administrateurs : BAUMEYER Edouard, BOEHRER Charles, DIEFFENTHALER  Frédéric, HERBSTER Auguste, NOLL Alfred , RIES Henri, SCHOEPFF Auguste, STOTZ Xavier, WEIBEL René

 

L’association compte alors 256 membres, et tout ou presque est à refaire.

 

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